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DANIEL SANNWALD

DANIEL SANNWALD

Born in Germany in 1979, Daniel Sannwald is emerging as one of the true original voices in contemporary photography. In a landscape dominated by referential and repetitive imagery, Daniel is establishing a strong and recognizable signature that is already catching the attention of some of the most influential trendsetters in the fashion and photography industries. His surrealistic and hauntingly beautiful images speak of a world were Fashion and Art meet to reveal a unique narrative.
Daniel studied at the Royal Academy in Antwerp and is now based in London.
Daniel contributes to numerous magazines. Amongst them: Dazed & Confused, i-D, Vogue Hommes Japan, V magazine and Qvest. His work has been honoured with a nomination by the Photomuseum Winterhur in Switzerland, and a Lead Award nomination in Germany. He has photographed projects for Louis Vuitton, Nike, Adidas, Replay, Wrangler and Shiseido.
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For Mum

Le Monde
13. Mai. 2011

Daniel Sannwald, la mode hors cadre
Pour le photographe de mode Daniel Sannwald, 32 ans, le monde ne se résume pas aux mannequins, aux stylistes et aux studios. “La photo de mode est un monde dans lequel on peut vite se perdre et perdre son inspiration”, explique le photographe qui expose ses images à la villa Noailles, à Hyères (Var), dans le cadre du Festival de mode et de photographie.

Deux jours par semaine, quand il n’a pas de commande, Daniel Sannwald reprend pied avec la réalité en allant boire le thé chez des personnes âgées esseulées, pour le compte d’une association caritative. Vu qu’il est allemand, et qu’il habite à Londres, forcément, les sujets de conversation ne manquent pas. “Plusieurs sont juifs. Certains me parlent de la guerre”, sourit le photographe qui s’est fait ainsi un ami, Joe.
Le reste du temps, le jeune photographe est immergé dans un intense travail d’équipe. Tous les mois, il réalise de deux à cinq commandes pour des magazines tels que Dazed and Confused, I-D ou L’Officiel : “Il faut faire des recherches, rencontrer les stylistes, les directeurs artistiques, choisir les mannequins, fabriquer des décors… La prise de vue elle-même dure une journée, parfois deux.” Puis vient le travail de postproduction, au moins trois jours supplémentaires, avec trois retoucheurs et un spécialiste des images assistées par ordinateur.
Les images de Sannwald, dont il montre une partie à Hyères, sont plutôt originales au regard de l’ordinaire lisse des magazines. Dans son univers étrange, on sent l’influence du surréalisme et de l’expressionnisme, le tout mâtiné de science-fiction. Côté technique, le photographe passe tout aussi facilement d’un registre à l’autre, des images de synthèse sophistiquées aux appareils argentiques anciens. Il brûle et troue ses images, invente des avatars et des doubles. L’improvisation est un de ses moteurs. “J’arrive sur le plateau avec des feuilles de plastique de couleur, des miroirs, et j’expérimente”, résume le photographe.
Une approche risquée qui n’est pas sans donner des sueurs froides aux commanditaires : pour une coûteuse série haute couture réalisée pour L’Officiel, en 2010, Daniel Sannwald a décidé au dernier moment de tout photographier avec la caméra basse définition de son ordinateur portable. “Quand j’ai proposé ça, il y a eu un gros silence. Mais finalement on dirait des aquarelles, et ça a beaucoup plu !”
Ce n’est pas ce travail éditorial, quoique prestigieux, qui lui permet de vivre. Une page publiée est souvent payée aux alentours de 1 000 euros, mais la somme sert à la fois à payer le matériel photo, le décor, la postproduction et le salaire du photographe. “Je gagne rarement de l’argent, résume le photographe, qui ajoute :En plus j’adore manger, je préfère manger des choses délicieuses avec mon équipe qu’avaler des pizzas dégueu.”
Daniel Sannwald tire l’essentiel de ses revenus de la publicité, un travail où les directives sont nettement plus contraignantes. Il a signé des campagnes pour Louis Vuitton ou Shiseido, pour des marques de sport. Il réalise aussi des travaux moins glorieux et plus anonymes, ce qui lui permet le luxe de refuser certaines commandes. “Je veux pouvoir m’exprimer à travers les pages, dit-il. J’ai toujours été clair, il me faut de la liberté.”
Or en ces temps d’après-crise, rares sont les magazines prêts à donner carte blanche aux photographes. “L’époque actuelle est très ennuyeuse sur le plan visuel, regrette-t-il. Il n’y a pas beaucoup de directeurs artistiques audacieux. La récession est passée par là, les photographes sont là pour montrer les vêtements.”Avec ses parti pris radicaux, Daniel Sannwald travaille donc moins souvent pour les poids lourds du secteur comme Vogue, que pour des publications pointues telles que l’Allemand 032c. Mais il ne s’en plaint pas : “J’ai toujours rencontré des gens pour me suivre.” Il a reçu sa première commande pour Dazed and Confusedalors qu’il était encore étudiant à l’Académie royale d’Anvers, après avoir envoyé un portfolio par mail. Entre deux prises de vue et deux tasses de thé, Daniel Sannwald trouve encore le temps de donner des cours de photographie à Tokyo ou d’animer un atelier avec des enfants. Cet amateur de poésie, fan de l’Américain Frank O’Hara, édite aussi un magazine qui mêle textes et photos, Under/Current. “Ce sont toutes ces expériences qui nourrissent mes images.”

Claire Guillot

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